Acceptabilité et faisabilité de la dispensation programmée en officine
Résumé
Le développement des accompagnements pharmaceutiques en officine achoppe sur différents obstacles : le montant de la rémunération, les critères d’éligibilité, la difficulté à dégager du temps. Les accompagnements pharmaceutiques sont du ressort du pharmacien. Aussi, comment dégager du temps-pharmacien ? Les officines états-uniennes et canadienne proposent la dispensation programmée des traitements chroniques. Elle consiste à anticiper les renouvellements des patients chronique et à préparer en avance leurs traitements. Quelle sont les acceptabilité et faisabilité de la dispensation programmée en officine ? Une enquête de type enquête d’opinion a été adressée aux pharmaciens d’officine actuellement en exercice grâce à une liste de diffusion et sur les réseaux sociaux (Facebook®). Les items sont relatifs à leur expérience en terme dispensation programmée et à leur perception de cette organisation de travail. Une analyse descriptive intermédiaire a été réalisée. Un total de 148 pharmaciens d’officine, dont 78,4% (n = 116) de titulaires, ont répondu à l’enquête. Les répondants exercent majoritairement en pharmacie de quartier (n = 57 ; 38,5%) et en milieu rural (n = 55 : 37,2%). La dispensation programmée est proposée par 49,3% (n = 73) des officines des répondants ; mais seulement 8,1% (n = 12) la réalise pour plus de leur 5% des patients chroniques. Si 90,5% des répondants s’accordent à dire que la dispensation programmée optimise le parcours du patient, seuls 42,6% (n = 63) estiment qu’elle peut permettre de gagner du temps-pharmacien. En effet, pour les 12 répondants exerçant dans une officine l’ayant mise en place, les dispensations programmées sont préférentiellement faites par les pharmaciens pour 7 d’entre eux. On note que 74,3% (n = 110) juge être prêt à mettre en place à plus large échelle ce dispositif au sein de leur officine. Ils cibleraient préférentiellement les patients ayant des produits onéreux ( ≥ 150€ HT à l’achat) (n = 105 ; 71,9%), des médicaments à surveillance particulière (n = 71 ; 48,0%) ou à défaut d’adhésion (n = 70 ; 47,3%). Enfin, 59,5% (n = 88) des répondants jugent pertinents la mise en place de rendez-vous pour la dispensation au patient dans le cadre d’une dispensation programmée. La dispensation programmée reste une pratique marginale en France, mais son développement à plus large échelle reçoit un accueil favorable. De manière étonnante, pour les pharmacies la pratiquant pour au moins 5% des dispensations de traitements chroniques, c’est un pharmacien qui la réalise : l’objectif de libérer du temps-pharmacien au profit d’activité telles que les accompagnements pharmaceutiques semble réduit au simple lissage de l’activité de travail sur la semaine. Dans le cadre de la dispensation programmée, le circuit du médicament est donc à préciser : celui qui prépare n’est pas nécessairement celui qui analyse la prescription médicamenteuse.