ETHIC & TAC

Prise de décision partagée sur le parcours de soin et les Thérapies Alternatives et Complémentaires (TAC)
Responsable(s) : Nicolas PINSAULT & Léo DRUART

Ce projet de recherche est financé par l'Institut national du cancer (InCA)

Le recours aux thérapies alternatives et complémentaires (TAC) augmente de manière régulière depuis plusieurs années. Certaines populations sont plus consommatrices que d’autres de ce type de soins, parmi lesquelles les patientes atteintes d’un cancer du sein pour qui le taux de recours est proche de 90%. Ces populations sont pourtant celles pour lesquelles les risques associés à ce type de recours sont les plus élevés. De plus, le sujet des TAC est rarement abordé par les patientes avec les équipes de soins conventionnelles. Ainsi, les patientes placent souvent dans les TAC des attentes démesurées et se mettent dans le même temps dans des situations à risque. Ce projet a donc pour objectif d’aider les patientes atteintes d’un cancer du sein à mieux s’orienter dans leurs parcours de soin et en particulier vis-à-vis de l’offre pléthorique des TAC pour qu’elle puisse décider d’un recours en toute connaissance de cause.

Afin d’aboutir à une prise de décision partagée, une consultation sera proposée aux patientes sous forme de jeu sérieux avec pour objectif de discuter de leurs recours passés, de leurs connaissances du parcours de soin, de leurs craintes et de leurs aspirations vis-à-vis des TAC. Des notions d’épistémologie (efficacité propre, placebo, rapport bénéfice-risque, etc.) seront abordées pour permettre une transposition de ces éléments tout au long de leur parcours de soin. L’impact de cette consultation sur l’observance du traitement conventionnel, la satisfaction de la prise en charge dans son ensemble mais aussi la communication avec le reste de l’équipe soignante sera évaluée.

 

Cette page constitue une ressource pour les patientes incluses dans le projet de recherche Ethique & TAC comme pour les professionnels qui ont bénéficié de la formation pour mener la consultation constituant l'intervention du projet. Elle est décomposée selon les phases du jeu décrites dans les règles.

Phase 1 : le coup des tas.

Voici un descriptif succinct des différentes thérapies ou des thérapeutes mentionnés sur les cartes.

  • Enseignant·e en activité physique adaptée (APA)

L’enseignant·e en APA est un·e professionnel·le qui, après une formation universitaire d’au moins 3 années, construit et met en œuvre des interventions avec et pour des patient·es présentant des besoins spécifiques d’activité physique bénéfique pour leur santé du fait d’une maladie, d’une limitation fonctionnelle, d’une déficience, d’une vulnérabilité, d’une situation de handicap, d’exclusion, d’une inactivité ou d’une sédentarité. Intervenant dans le domaine de la santé mais aussi du travail social, ce n’est pas un· e « professionnel·le » de santé sur le plan réglementaire.

  • Infirmier·e

L’infirmier·e est un·e professionnel·le de santé qui réalise un diagnostic infirmier et dispense des soins destinés à maintenir ou à restaurer la santé des personnes malades, surveille l’état de santé des patients et coordonne les soins qui leur sont dispensés : éducation thérapeutique, préparation et distribution de médicaments, soins de nature technique (pansements, prélèvements, prise de tension, injections...). La formation se fait dans des instituts de formation agréés qui s’intègrent progressivement à l’Université, et l’usage du titre est protégé. Historiquement, après avoir eu une période profane, le corps infirmier s’est principalement constitué dans un contexte religieux, es « bonnes sœurs » en constituant alors l’essentiel.

  • Kinésithérapeute

Le/la kinésithérapeute (ou physiothérapeute dans de nombreux pays) est un·e professionnel·le de santé qui concoure à la promotion de la santé et à la prévention et réalise un diagnostic et des traitements pour les troubles du mouvement ou de la motricité de la personne, et les déficiences ou altérations de ses capacités fonctionnelles. La formation se fait dans des instituts de formation agréés qui s’intègrent progressivement à l’Université et l’usage du titre est protégé. Créée en 1946, la profession de masseur-kinésithérapeute réunit alors le corps des infirmiers–masseurs et des gymnastes médicaux.

  • Médecin

Un·e médecin est un·e professionnel·le de santé qui soigne selon ses spécialisations les maladies, pathologies et blessures de l'être humain. Il pose un diagnostique et met en œuvre un traitement approprié. En France la formation médicale se fait à l’Université, elle est sanctionnée par un doctorat en médecine d’un an et peut être prolongée de trois ans de spécialisation

  • Chirurgien·ne

Un·e chirurgien·ne est un médecin spécialiste en chirurgie, c’est-à-dire qu’il intervient au-delà de la barrière cutanée. Il existe des chirurgien·nes spécialistes de différentes pathologies ou de différentes parties du corps. En France, cette spécialité requiert onze ans d'étude dont la moitié se fait par compagnonnage, au cours de laquelle l’impétrant·ee chirurgien·ne apprend son futur métier au contact de ses pairs, à l’instar des artisans.

  • Psychologue

Un·ee psychologue est diplômé·e en psychologie, discipline qui regroupe de nombreux courants théoriques et pratiques autour de l'analyse des faits psychologiques individuels et collectifs. En France, le titre de psychologue est protégé et reconnu par l’État depuis 1985, et il est délivré à la fin d’études universitaires de psychologie, DESS autrefois, Master 1 et 2 aujourd’hui, accompagnées de la réalisation d'un mémoire professionnel et de recherche et de stages annuels professionnalisants. Néanmoins, on peut regretter la présence encore forte de courants soit périmés, soit objectivement pseudoscientifiques, ce qui rend la compétence du psychologue assez dépendante de son université de formation.

  • Psychothérapeute

Un.e psychothérapeute est une personne qui prodigue des soins et de l’accompagnement à des gens souffrant de problèmes psychologiques. Jusqu’en 2004, n’importe qui pouvait se prévaloir de ce métier, sans formation. Depuis l’ « amendement Accoyer » de 2010, la loi exige, pour les non-médecins, la possession d'une formation théorique agréée en psychopathologie clinique, validée par un diplôme de master en psychologie et complétée par un stage pratique. Mais la possibilité de remplacer ce diplôme contre une validation des acquis parfois très discutables sur le plan scientifique rend la distinction entre psychothérapeutes formés et non formés complexe. Les psychothérapeutes ne sont pas considérés comme des auxiliaires médicaux. Par méconnaissance, on les confond parfois avec les psychologues, diplômés, et les psychiatres, médecins.

  • Ergothérapeute

L'ergothérapeute est un·.e professionnel·.le de santé qui étudie l’interaction entre l'activité d’une personne et son environnement, en évaluant les incapacités, les lésions éventuelles, les situations de handicap dues au contexte de travail, et en proposant des réadaptations, postures, rééducation et outillage éventuel pour les compenser. La formation en France se fait dans des instituts bénéficiant d’un agrément et l’usage du titre est protégé.
 

  • Ostéopathe

Ostéopathe est une profession réglementée depuis 2002, mais non considérée comme « profession de santé ».La formation en France se fait dans des instituts bénéficiant d’un agrément et l’usage du titre est protégé. Bien que certaines de ses actions ressemblent à la kinésithérapie, ce sont les fondements de la théorie qui posent de lourds problèmes. L’idée-phare repose sur une « vision » d’Andrew T. Still, thérapeute itinérant autodidacte, magnétiseur, rebouteux et membre du mouvement spiritualiste américain, vision qui lui révéla que la contrainte mécanique appliquée à une articulation ou un viscère est intimement liée à sa fonction. Il y a des branches de l’ostéopathie plus sérieuses que d’autres. La branche la plus pauvre sur le plan scientifique est assurément l’ostéopathie cranio-sacrée.

Ce qui complique les choses, c’est que des professionnel·les de santé, comme des kinésithérapeutes, sage-femmes ou médecins, peuvent s’être formé·es à l’ostéopathie, et donc devenir kinés-ostéos, sage-femmes ostéos ou médecins-ostéos.

  • Sophrologue

Sophrologue est un métier qui n’est pas réglementé, accessible sans diplôme particulier et son exercice est libre en France. La « théorie » sous-jacente, considérée unanimement comme fausse, fut élaborée dans les années 1960 par Alfonso Caycedo, qui postula sans preuve que l’apprentissage de la « sophronisation », consistant à se placer dans un « état intermédiaire de conscience » pour arriver ensuite au contrôle de cet état pourrait être utile à des fins thérapeutiques. De fait, un sophrologue ne peut légalement procéder à aucun acte médical, tel que le diagnostic, la thérapie ou la prescription de médicaments, et encourt le cas échéant des poursuites pour exercice illégal de la médecine. Le titre de Master spécialiste en sophrologie caycédienne a été déposé et protégé juridiquement pour l'emploi légal des méthodes de l'école de recherche sophrologique, mais ce diplôme n'a pas de valeur universitaire, dans quelque pays que ce soit.

  • Naturopathe

Naturopathe est une profession de soin non conventionnelle, héritière de l’hydrothérapie du début du XXe siècle, dont le nom a été breveté par Benedict Lust (1872-1945), diplômé en homéopathie, puis en ostéopathie. La naturopathie affirme pouvoir équilibrer le fonctionnement de l'organisme et les « forces cosmiques qui traversent le corps » par des moyens considérés comme « naturels » : changement d'alimentation, jeûnes, hygiène de vie, phytothérapie, massages, activité physique. Considérant que tout ce qui n’est pas « naturel » est néfaste, le discours naturopathe, en plus d’être pseudo-scientifique, est radicalement anti-médicament et souvent anti-vaccination. Sa pratique n'est encadrée en France par aucune autorité, et n'importe qui peut se proclamer « naturopathe » sans formation - même si certains instituts privés proposent des formations, dont le diplôme n'a aucune valeur institutionnelle. Aucune formation n'est liée à une véritable université et une d'entre elles (l'University of Bridgeport College of Naturopathic Medicine du Connecticut) appartient par exemple à l’Église d'Unification (la « secte » Moon) de Sun Myung Moon.

  • Coupeur/euse de feu

Un·e coupeur/euse de feu, ou barreur/euse de feu, est une personne revendiquant des dons de guérison et prétendant soulager les brûlures – mais aussi le zona ou les insolations par la pratique du « secret », faite de rituels comme l’apposition des mains assortie de prières, ou plus souvent à distance par téléphone. Bien que passivement autorisés dans certains hôpitaux comme soin complémentaire aux brûlures, il n’existe pas de preuve d’efficacité de la technique autre que « placebo ». Elle paraît convaincante car bien souvent les douleurs partent après intervention du coupeur de feu, mais pour des raisons physiologiques extérieures au soin lui-même. Il n’existe pas de formation à cette pratique, prétendument basée sur un don qui se transmet.

  • Chiropracteur/rice

Le chiropracteur ou la chiropractrice est un·e praticien·ne non conventionnel·le qui fait de la prévention et du traitement des troubles de l’appareil musculo-squelettique, en particulier de la colonne vertébrale, selon une théorie ésotérique « révélée » à Daniel D. Palmer en 1895. Vitalisme, subluxation et « déplacements de vertèbre » en sont les concepts centraux, largement abandonnés par la science moderne faute de preuves.

En France, l'activité de chiropracteur a été légalisée par la loi Kouchner de mars 2002, mais en France, les actes accomplis par les chiropraticiens, considérés unanimement comme pseudo-médicaux, ne sont pas conventionnés par l’Assurance maladie, et à ce titre, ne sont donc pas remboursés par la Sécurité sociale.

(D’après Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles, N. Pinsault, R. Monvoisin, PUG (2014))

  • Magnétiseur/euse

Un·.e magnétiseur./euse est une personne qui pratique une thérapie non conventionnelle utilisant un prétendu « magnétisme animal » (ou mesmérisme) afin de soulager les douleurs ou de guérir. Les mains du praticien seraient censées contenir un fluide « naturel » de type magnétique, théorisé par le médecin et occultiste allemand Franz-Anton Mesmer vers 1780. Bien que cette théorie fusse réfutée dès 1784, par la démonstration qu’il s’agissait d’un « effet placebo », le recours au magnétiseur reste une pratique fréquente en France, en particulier dans le milieu rural, où le magnétiseur se fond souvent avec le rebouteux. Les médecins n'ont pas le droit d'envoyer leurs patients vers un magnétiseur, selon l'article R. 4127-39 du Code de la santé publique.

  • Étiopathe

L'étiopathe est un·e praticien·ne de l’étiopathie, une thérapeutique non conventionnelle, sorte de mélange entre l'ostéopathie,la chiropraxie et l’art des rebouteux. Elle postule l'identification de la cause d'un symptôme permettrait le traitement ou l'auto-traitement. Il est fréquent de lire que la technique est née en France sous la plume de Christian Trédaniel, en 1963, mais de fait, elle existe presque mot pour mot à la théorie du docteur étasunien George Dutton, décrite en 1899 dans Etiopathy, or, way of life : being an exposition of ontology, physiology & therapeutics : a religious science & scientific religion. Dutton y raconte comment il a reçu sa théorie comme « science qui s’attache à déterminer les causes des maladies pour les éliminer » par une pure épiphanie « le dimanche 5 février 1899 à midi, au 52 Dearborn Street à Chicago, les cieux étant clairs et le soleil brillant. » Bien qu’il n'existe pas actuellement de preuve scientifique de l'efficacité de l'étiopathie dans aucune indication, quatre écoles privées en France délivrent des diplômes d'étiopathe, qui ne sont pas reconnus, et la profession, qui n’a pas de code de déontologie validé par l’État, n’est pas encadrée légalement. De fait, elle n’est pas prise en charge par la Sécurité sociale.

  • Psycho-socio-esthéticien.ne


 Officiellement psycho-socio-esthéticien·ne, il s’agit d’un métier d’accompagnement à visée thérapeutique, reconnu en France comme soin de support depuis 2003, basé sur le soin esthétique et le toucher massage en vue d’une revalorisation de l’image et de l’estime de soi. Cette discipline naît en Angleterre en 1960. En 1973 l’Association des esthéticiennes à vocation hospitalière, ouvrent le premier centre de beauté au Centre hospitalier spécialisé de Bron à Lyon, et trois ans plus tard est créée la première école d’esthétique à option humanitaire et sociale au centre hospitalier de Tours. La psycho-socio-esthétique est un métier reconnu dans la Fonction publique hospitalière et fait partie de la famille du soin. Après un CAP d’esthétique, il est nécessaire de suivre une formation spécialisante auprès d’une école certifiée par le Syndicat national des professionnel·les en psycho-socio-esthétique.

  • Homéopathie

L’homéopathie est une thérapie fondée à la fin du XVIIIe siècle par S. Hahnemann. Permettant l’automédication au moyen de granules imprégnés à de hautes dilutions, elle est d’un emploi facile et s’adapte très bien aux concepts ésotériques de type nouvel Âge. Cette thérapie a vu ses fondements s’effondrer les uns après les autres au fur et à mesure de l’avancée des connaissance, et les rares preuves d’efficacité de ses traitements relèvent pour l’essentiel des effets « placebo » et de la régression temporelle des symptômes bénins. Pour autant, les industriels qui les fabriquent ont misé sur une stratégie « naturaliste » et anti-technologie, opposée aux médicaments classiques, ce qui a séduit un grand nombre de clients. Les choses sont rendues encore plus complexes par le fait que l’homéopathie jouit d’un passe-droit dans les autorisations de mise sur le marché, qu’elle a été jusqu’à récemment remboursée partiellement par l’Assurance maladie, et est reconnue comme spécialité médicale. Paradoxalement, compte tenu de l'absence de validation scientifique, l'exercice de l'homéopathie par des médecins ne semble pas respecter l'article 39 du code de déontologie médicale, qui indique : « Les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Toute pratique de charlatanerie est interdite ». La puissance des industries comme Boiron permet d’éteindre des actions collectives de clients lésés, et le syndicat des homéopathes de France exerce des mesures de rétorsion lorsque des médecins dénoncent la pratique, au nom de la « confraternité ».

  • Psychanalyse

La psychanalyse est une discipline inventée par S. Freud au début du XXe siècle. Elle propose un cadre théorique de prise en charge de la santé mentale humaine et d’exploration du « psychisme ». Fondée avec une méthodologie très pauvre et des concepts nébuleux (complexe d’œdipe, refoulement inconscient, pulsion de vie, etc.) elle est désormais considérée comme désuète, inefficace pour l’essentiel des pathologies, et surtout délétère par ses postulats conservateurs. Les recherches sur les troubles compulsionnels, les états névrotiques, les paraphilies, les troubles du spectre autistique ou les dysphories de genre ont eu et ont encore à souffrir de la mainmise psychanalytique, de même que l’histoire de l’art ou le travail social. Il est d’autant plus difficile de s’y retrouver qu’un médecin psychiatre, un psychologue, peuvent se réclamer de la psychanalyse et l’indiquer dans leur titre. Les méthodes dites psychodynamiques qu’on en a tiré ont été abandonnées à peu près partout, sauf notoirement en France, pour des raisons multiparamétrées, dont une certaine violence médiatique contre les détracteurs, et un soutien politique très fort (du ministre P. Douste-Blazy à la directrice de Radio France A. Van Reeth par exemple).

  • Ventouses

La ventouse est un récipient en forme de cloche, pouvant être en verre, plastique, silicone, bambou, dans lequel est créée une dépression, et que l’on applique ensuite par succion sur la peau. Appelée aussi ventousothérapie, cupping therapy ou hijama, cette pratique est supposée soulager et prévenir certains maux, par aspiration des prétendues « humeurs », relevant d’une conception antique et désormais obsolète développé par Hippocrate il y a 2400 ans. Bien que des sportifs en fassent parfois la promotion, comme le nageur Michael Phelps, il n'existe aucune preuve des effets bénéfiques des ventouses quelle que soit la condition médicale. En France, la pratique est un acte médical qui ne peut être réalisé que par un médecin, même si de fait cette technique devrait être interdite, comme l’a fait le Conseil de l’Ordre des kinés en 2021. 

  • Reïki

Le Reïki est une méthode de soins non conventionnelle d'origine japonaise, fondée sur des soins dits « énergétiques » par imposition des mains, et dont l’efficacité propre n’est corroborée par aucune étude scientifique.

« L’histoire du fondateur, le japonais Mikao Usui, est fortement controversée. Il est dit que, fréquentant un temple bouddhiste Tendaï (tradition du Grand Véhicule) au nord de Kyõto, Mikao Usui étudia d’abord le Kiko, version japonaise du Qi Gong (« exercice de Qi », en mandarin), gymnastique traditionnelle chinoise proposant une méthode de respiration fondée sur la maîtrise du Qi, l’énergie vitale alléguée. Sous l’influence d’un « maître », Watanabe Kioshi Itami, il aurait changé d’école bouddhiste en 1894, passant de Tendaï à Shingon (un des bouddhismes tantriques, la grande différence tenant dans la possibilité d’atteindre l’état du bouddha dans cette vie-ci, et non dans une autre).

On a prêté à Usui des études de psychologie (ce qui est peu probable pour l’époque), de médecine (ce que nous n’avons pu vérifier) et un doctorat en théologie de l’université de Chicago, mais l’unique source, The Reiki handbook (Arnold & Nevius, 1992), est pour le moins douteuse (son coauteur étant Larry E. Arnold, bien connu entre autres pour avoir développé des thèses paranormales fantaisistes sur les auto-combustions humaines « spontanées »). Après vérification, comme l’indique le site ihReiki.com dans son article Historical Reiki inconsistencies, personne de ce nom n’étudia à ladite université dans cette période. Bref, Usui, en proie à des difficultés financières, aurait décidé d’embrasser la carrière monastique et c’est en 1922 qu’il fit une expérience de mort imminente (« visions » ou « sensations » consécutives à une mort clinique ou à un coma avancé), ainsi qu’un satori (une illumination) pendant une retraite jeûnée sur le Mont Kuruma-yama. Il y « reçut » le Reiki. Il ouvrit alors un, puis deux centres, et créa son enseignement. Mais cette histoire est douteuse et remaniée plusieurs fois. Des héritiers spirituels, en particulier la maître Reiki Hawayo Takata (1900-1980), créèrent de toutes pièces des détails, comme une prétendue inspiration de Usui par le personnage de Jésus, afin de mieux exporter la méthode en « Occident ». Pire encore, des faux documents prêtés à Usui lui-même étaient en fait l’œuvre d’un faussaire, par ailleurs faux psychologue et faux enseignant de Reïki, le Lama Yeshé, qui s’avéra être... un faux Lama, Richard Blackwell. Les fraudes et inventions de Blackwell ont dupé et dupent encore un certain nombre de praticiens Reiki, ce qui lui a valu les foudres d’une grande part de la communauté. Blackwell rebondit et fit une résolution de dissonance cognitive spectaculaire en se déclarant en « channeling » avec Usui lui-même. Puis il affirma être poursuivi par la CIA, avant de disparaître vers la fin des années 2000. »

(D’après « Tout ce que… », pp. 98-99)

  • Iridologie

L'iridologie est une pseudo-médecine inventée par Ignaz von Peczely dans son livre de 1880 Découverte dans le domaine de la thérapeutique et du naturisme. Introduction à l'étude du diagnostic par les yeux. La technique est hélas non basée sur des preuves et sans efficacité avérée. Les iridologues prétendent sans preuve qu'à chaque secteur de l'iris correspond un organe, et si un secteur donné présente des anomalies, cela indiquerait que l'organe correspondant est affecté par un dysfonctionnement. Les études cliniques n'ont jamais mis en évidence une efficacité de l'iridologie, qui échoue notamment au test de la reproductibilité : pour un même patient, les iridologues testés font des diagnostics très différents, voire contradictoires. En France, l'iridologue n'est pas reconnu comme un professionnel de santé mais comme un professionnel du développement personnel. En conséquence, ce métier n'est pas réglementé et son exercice est possible « sans diplôme particulier »

  • Réflexologie

La réflexologie est une pratique se présentant comme thérapeutique et utilisant le massage. Elle repose sur le précepte pseudo-scientifique que chaque organe, partie du corps ou fonction physiologique correspondrait à une zone ou un point sur les mains, les pieds, les oreilles, les sinus et même les organes génitaux (appelée « zone réflexe », d'où le nom de cette pratique). Selon ses praticiens, un toucher spécifique sur ces zones permettrait ainsi de localiser et dissiper des « tensions » ou des « blocages » et de rétablir le bon fonctionnement du corps. Néanmoins, l'idée qu'il existerait des voies réflexes entre une aire donnée du pied, de la main ou de l'oreille, et un organe particulier est une croyance sans fondement biologique. Les concepteurs et les promoteurs de cette pratique n'ont jamais apporté d'éléments de preuve de l'efficacité thérapeutique qu'ils affirment. De plus, a posteriori, les essais cliniques ne démontrent aucune efficacité propre de la réflexologie, tant sur le plan diagnostique que thérapeutique. Elle est aussi efficace que le simple repos. Aucun indice ne montre non plus que des séances régulières de réflexologie joueraient un rôle préventif.

La gamme des réflexologies est vaste, et malgré tout toujours aussi peu solide sur le plan thérapeutique : ainsi en est-il des réflexologies palmaire, auriculaire, des sinus (sympathicothérapie) et même vaginale.

« Difficile de déterminer avec précision le premier ouvrage dédié à la réflexologie. Si l’on en croit les ouvrages et sites Web consacrés à cette discipline et se recopiant les uns les autres, le premier livre s’intéressant spécifiquement à la réflexologie serait l’œuvre de médecins « italiens », les docteurs Adamus et A’tatis, en 1582. Une recherche minutieuse de ce document nous a pourtant conduits dans une impasse : aucune trace d’un quelconque A’tatis (ou Atatis) sur cette période. Le docteur Adamus, quant à lui, pourrait être Adamus Lonicerus, alias Adam Lonitzer (1528-1586), botaniste non italien mais allemand, effectivement diplômé de médecine en 1554 et auteur d’ouvrages de botanique. Plantes, ergot de seigle, procédés de distillation, mais aucune trace cependant d’écrits traitant de Zone therapy. Le deuxième ouvrage prétendument paru en 1583 sur la thérapie serait l’œuvre d’un médecin de Leipzig, le docteur Ball (ou Bell, selon les sources), dont nous ne pûmes non plus trouver trace. Le premier livre disponible concernant des massages visant à traiter un organe à distance fut, selon nos recherches, publié en 1902 sous le titre de Druckpunkte, ihre Entstehung, Bedeutung bei Neuralgien, Nervosität, Neurasthenie, Hysterie, Epilepsie und Geisteskrankheiten sowie ihre Behandlung durch Nervenmassage (Points de pression, leur émergence, signification pour les névralgies, la nervosité, la neurasthénie, l’hystérie, l’épilepsie et la maladie mentale, ainsi que leur traitement par massage des nerfs) par le Dr Alfons Cornelius (1902). Quelques années plus tard, en 1911, un de ses confrères allemands, Bernard Barczewski, rédigea un livre intitulé Hand und Lehrbuch meiner Reflex massage für den Arzt portant sur les thérapeutiques par massage réflexe. L’histoire, pourtant, consacre le médecin spécialiste oto-rhino-laryngologiste étasunien William Hope Fitzgerald comme fondateur de la théorie de la Zone therapy.

Le premier article émanant de ses travaux fut l’œuvre d’Edwin F. Bowers, médecin et journaliste, qui publia en 1915 un article dans un magazine grand public intitulé To stop that toothache, squeeze your toe (Pour arrêter cette rage de dents, pressez votre orteil) (Bowers, 1915). C’est en 1917 que le livre considéré comme fondateur, Zone therapy, or relieving pain at home vit le jour (Fitzgerald et al., 1917). Coécrit par Fitzgerald, Bowers et George S. White, cet ouvrage évoque notamment l’épisode de découverte de la thérapie par W. Fitzgerald qui en 1911 « découvri[t] accidentellement qu’une pression à l’aide d’une sonde recouverte de coton sur une partie de la membrane muqueuse du nez produisit un effet anesthésiant similaire à celui d’une injection de cocaïne ». Cette découverte l’amena à établir une carte des régions « reliées » du corps, le divisant en dix zones. Mais si la théorie de Fitzgerald ne trouva guère d’écho chez ses confrères, le couple de chiropracteurs Elizabeth Ann et Joe Shelby Riley entreprit une simplification de la théorie tout en enrichissant les zones situées au niveau des mains et des pieds. Ils publièrent leur travail dès 1918, dans un livre intitulé Zone therapy simplified : all its applications made plain and simple for use by any one reconnu comme étant le premier ouvrage publiant une cartographie de réflexologie plantaire et palmaire (Riley, 1918). La « branche » plantaire des travaux de Riley sera remaniée par Eunice D. Ingham Stopfel (1889-1974), une kinésithérapeute qu’il engagea comme assistante dans son cabinet en 1926. Selon ses propres travaux, Ingham constata une efficacité supérieure des séances de réflexologie lors de la stimulation des zones du pied que celles du reste du corps. Elle remarqua en outre que les stimulations manuelles étaient plus efficaces que les stimulations à l’aide d’instruments et que le type de stimulations, alternées ou constantes, avait également une influence. Elle compila ses trouvailles dans plusieurs livres dont le premier est Stories the feet can tell : ‘‘stepping to better health’’ (Ingham Stopfel, 1938). »

  • Huiles essentielles

On appelle huile essentielle, ou parfois essence végétale, le liquide concentré et hydrophobe des composés aromatiques volatils d'une plante. Il est obtenu par extraction mécanique, entraînement à la vapeur d'eau ou distillation à sec. Techniquement, l’huile essentielle est définie comme un « produit obtenu à partir d’une matière première d’origine végétale, après séparation de la phase aqueuse par des procédés physiques : soit par entraînement à la vapeur d’eau, soit par des procédés mécaniques à partir de l’épicarpe des Citrus, soit par distillation sèche. Il en existe 9 grands types. Il n’est pas possible, vu leur nombre, de rendre un avis définitif sur l’ensemble des huiles, mais s’il est clair qu’un certain nombre ont des propriétés thérapeutiques intéressantes (le linalol de la lavande par exemple), notamment antibactériennes (mais dramatiquement moins que les antibactériens modernes), défendre une aromathérapie n’est pas possible, d’une part parce que nombre d’huiles essentielles n’ont pas d’effet, d’autre part parce que certaines ont des effets dangereux (le thuya par exemple), sans parler de celles créant des interactions médicamenteuses (comme le millepertuis).

  • Art-thérapie

L’art-thérapie est une méthode visant à utiliser le potentiel d'expression artistique et la créativité d'une personne à des fins psychothérapeutiques ou de développement personnel. Devant la variété des pratiques, et le flou des prétentions, il nous est impossible de dire si cette méthode a un réel intérêt thérapeutique ou non. Notons toutefois que le « titre d'art-thérapeute » a été reconnu, et qu’il existe deux masters ainsi que des diplômes universitaires (même si on peut faire un diplôme universitaire sur n’importe quel thème malheureusement)

  • Relaxation

Les techniques de relaxation visent à aider une personne à se détendre, décroître le stress et éventuellement réduire les niveaux de douleur, d'anxiété ou de colère. Les techniques de relaxation sont souvent utilisées comme élément d’un programme plus large de gestion du stress et peuvent diminuer la tension musculaire, abaisser la tension artérielle et ralentir la fréquence cardiaque et respiratoire, entre autres avantages pour la santé. Mais la profusion des écoles et des méthodes, qui peuvent s'apparenter aux psychothérapies, mais aussi emprunter au développement personnel le plus sauvage, sans parler des dérivés du Yoga ou de la méditation, rend impossible de rendre un jugement définitif global.

  • Méditation

Le terme méditation désigne une pratique mentale qui consiste généralement en une attention portée sur un certain objet, au niveau de la pensée, des émotions, du corps, comme méditer un principe philosophique, dans le but d'en approfondir le sens. Dans une approche spirituelle, elle peut être un exercice, voire une voie de réalisation du soi et d'éveil. La méditation est au cœur de nombreuses pratiques spirituelles ou religieuses comme celles du bouddhisme, de l'hindouisme, du jaïnisme, du sikhisme, du taoïsme, du yoga, ainsi que d'autres formes plus récentes de spiritualité, ou encore de mouvements qualifiés parfois de sectaires comme la Méditation Transcendantale de Maharishi Maresh Yogi.

Cette pratique peut chercher à produire une « paix intérieure », la vacuité de l'esprit, des soi-disant « états de conscience modifiés », l'apaisement progressif ou encore une simple relaxation. Certaines techniques de méditation, telles que la pleine conscience, peuvent être utilisées dans un cadre thérapeutique ou laïc. Il est très difficile de faire un bilan scientifique et thérapeutique global sur un tel maelstrom de pratiques, d’autant que les études sont pléthoriques à ce jour et parfois contradictoires.

  • Acupuncture

L’acupuncture est une pseudo-médecine dont les origines historiques sont liées à la tradition médicale chinoise. Que ce soit par les différents travaux scientifiques menés, ou l’analyse du corpus théorique, l'acupuncture ne repose que sur des concepts sans fondement. Cela ne l’empêche pas, du fait des effets « placebo », de représenter un soin complémentaire intéressant, et il s’avère que, en-dehors de toute théorie, le fait d’être simplement piqué à des effets sur la douleurs, par exemple sur les lombalgies (mais des effets similaires à l’exercice physique). En France, l'acupuncture ne peut être exercée légalement que par un docteur en médecine, un·e sage-femme ou un·e chirurgien·ne dentiste. La jurisprudence expose les pratiquant·es d’acupuncture non-médecins à des condamnations variables.

  • Yoga

Le yoga est une seule des six écoles orthodoxes de la philosophie indienne āstika. C'est une discipline ou pratique commune à plusieurs époques et courants, visant, par la méditation, l'ascèse et la gymnastique, à réaliser l'unification de l'être humain dans ses aspects physique, « psychique » et spirituel. Il y a quatre voies traditionnelles majeures, et de nombreuses ramifications, parmi lesquelles le récent Hatha yoga, essentiellement postural, d’où dérive l’essentiel de la pratique hors Asie. Bien qu’à l’origine le yoga n’ait pas de vertus thérapeutiques, on lui en prête énormément. Pourtant, à notre connaissance, il n’existe pas de preuve de l’efficacité du yoga sur quelque pathologie que ce soit, si ce n’est les vertus d’une simple gymnastique.

  • Cure thermale

La cure thermale (ou crénothérapie) est l’usage d’eaux minérales à des fins ou de santé. Elle repose sur une théorie appelée hydrothérapie, défendue entre autres par l’abbé Sebastian Kneipp au début du XXe siècle, et qui n’a pas montré son efficacité. On la confond souvent avec la thalassothérapie, qui a essentiellement une visée préventive, et qui elle non plus, n’a pas démontré son intérêt thérapeutique propre : bien sûr, s’extraire du monde du travail ou du milieu familial peut avoir des vertus, mais indépendamment de se tremper ou non dans l’eau. Étonnamment, depuis 1947, les cures thermales sont prises en charge par la Sécurité sociale, selon une grille de soins adaptée à chaque pathologie que, bizarrement, elle a peu de chance de guérir. Seules les cures de 18 jours prescrites par un médecin sont remboursées.

  • Jeûne

Le jeûne est la privation, volontaire ou non, de nourriture, accompagnée ou non d'une privation de boisson. on considère que la période de jeûne commence à partir de la sixième heure après le dernier repas. Là encore, les usages de jeûne sont très nombreux, allant de rituels purement religieux aux utilisations ésotériques comme les privations quasi-complètes de nourriture (prânisme) entraînant fatalement la mort. Certains jeûnes très dangereux, accompagnés de jus de légumes (Breuss, Gandon, Casasnovas, etc.) ont encore leurs promoteurs. Les seuls jeûnes pour lesquels il y a des présomptions solides d’intérêt sont les jeûnes intermittents sur période courte, qui permet une perte de poids et de masse grasse similaire à la restriction calorique ainsi qu'une augmentation de la sensibilité à l'insuline.

  • Radiothérapie

(Wikipédia) La radiothérapie est une méthode de traitement locorégional des cancers, utilisant des radiations pour détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier. L'irradiation a pour but de détruire toutes les cellules tumorales tout en épargnant les tissus sains périphériques. La radiothérapie est utilisée chez plus de la moitié des patients ayant un cancer. Elle est, avec la chirurgie, le traitement le plus fréquent des cancers et peut entraîner une rémission nette à elle seule. Elle peut être utilisée seule ou associée à la chirurgie et à la chimiothérapie.

  • Immunothérapie

L'immunothérapie consiste à administrer des substances stimulant les défenses immunitaires du malade pour lutter contre des pathologies installées, le plus souvent des cancers, voire contre des maladies dégénératives. Ceci inclut les thérapies utilisant des protéines (anticorps) produites par les cellules du système immunitaire, en particulier les immunoglobulines, sans que l'objectif de cette thérapie ne soit nécessairement la stimulation de l'immunité. Il s’agit donc d’une gamme large de traitements, qui comprennent des vaccins, des inhibiteurs du contrôle immunitaire, des lymphocytes T avec des récepteurs de l'antigène chimérique (CAR), des immunothérapies à base de virus oncolytique.

Il n’est pas possible de donner des chiffres d’efficacité pour chaque substance pour chaque cancer précis, mais il faut bien comprendre qu’après des décennies de déceptions dans le traitement du cancer, l'immunothérapie a permis un changement de paradigme dans le traitement de nombreux types de tumeurs et de cancers. Avec une compréhension accrue du système immunitaire, la guérison est devenue une possibilité réelle pour de nombreux patients

  • Chimiothérapie

La chimiothérapie est en soi l'usage de certaines substances chimiques pour traiter une maladie, et à ce titre, elle est aussi ancienne que l’usage antipyrétique (contre la fièvre) du quinquina par les Indiens péruviens et ramené en Europe par une mission jésuite. Cependant, dans le langage courant, le terme « chimiothérapie » est principalement utilisé pour désigner les traitements médicamenteux (agents chimiothérapeutiques cytostatiques et antinéoplasiques) contre les cancers. Il existe des chimiothérapies à visée curative, pour guérir, et d’autres à visée de prévention. Les substances mobilisées et les modes d’action sont trop vastes pour en tirer une conclusion générale, mais il est courant de dire qu’une personne sur 10 est sauvée par la chimiothérapie, sans qu’on sache exactement le déterminant amenant cette personne à y être réceptive.

  • Antibiotiques

Un antibiotique est une substance naturelle ou synthétique qui détruit (bactéricide) et/ou bloque (bactériostatique) la croissance des bactéries, en s’en prenant à une étape essentielle de leur développement : synthèse de leur paroi, de l'ADN, des protéines, ou la production d'énergie, etc.

Un grand nombre des antibiotiques existants sont constitués de molécules naturelles, fabriquées par des micro-organisme, comme les champignons (par exemple la pénicilline) ou d'autres bactéries, mais nombre de molécules aujourd'hui sur le marché sont des molécules de synthèse, en particulier pour contourner les problèmes de résistance qu’une systématisation de prescription a immanquablement entraîné. On dit couramment qu’en un demi-siècle, les antibiotiques ont augmenté de plus de dix ans l’espérance de vie à la naissance des populations y ayant accès, soit plus qu'aucun autre traitement. Comparativement, un médicament qui guérirait 100 % des cancers n’augmenterait vraisemblablement l’espérance de vie moyenne de la population à la naissance que d’environ cinq ans.

  • Phytothérapie

La phytothérapie désigne le traitement thérapeutique fondé sur les extraits de plantes et les principes actifs naturels, dans le but de guérir, soulager ou prévenir une maladie.

Le problème réside dans le fait qu’il y a deux branches très distinctes :

d'une part la phytothérapie traditionnelle qui reprend des usages ancestraux et se consacre par une approche dite "holistique » aux effets de la plante dans sa globalité, et sur tous les aspects de l'individu, en utilisant des préparations domestiques ou à plus grande échelle (consultation de tradipraticiens ou d'herboristes, achat de remèdes de tisaniers…), administrées essentiellement par voie orale (tisanes, infusions, poudres) ou voie externe (frictions, inhalations, cataplasmes, massages).

d'autre part la phytothérapie moderne, appelée aussi « phytothérapie rationnelle », «médicale » ou « fondée sur les faits », qui utilise des méthodes modernes d'extraction des principes actifs contenus dans les plantes médicinales, et valide leurs propriétés bénéfiques pour la santé par une approche scientifique d'analyses biochimiques et pharmacologiques appuyées par la puissance de calcul informatique, ainsi que par des essais cliniques.

Bien qu’il y ait quelques effets réels de certaines plantes, dans certaines conditions, selon des méthodes anciennes, il faut reconnaître que les cultures phytothérapeutiques diverses non seulement ne sont pas cohérentes entre elles, mais échouent bien souvent dans leurs prétentions. Par contre la phytothérapie rationnelle connaît un grand nombre de succès, malheureusement assortis de brevetages intempestifs et quasi-post-coloniaux des molécules, au détriment des populations locales.