Soutenance de thèse d'Aurélie HENNEBIQUE le 28/09/21

La soutenance de thèse de Aurélie HENNEBIQUE de l'équipe TIMC TREE aura lieu mardi 28 septembre 2021 à 14h sur le thème :
 

« Modèles cellulaires appliqués à la compréhension de l’épidémiologie
et de la pathogénicité de Francisella tularensis. »

 

bullet Jury :

  • Max MAURIN, Professeur des Universités - Praticien Hospitalier, CHU Grenoble Alpes, Université Grenoble Alpes, laboratoire TIMC UMR 5525, Directeur de thèse
  • Sandrine BOISSET, Maîtresse de conférence des Universités - Praticienne Hospitalière, Université Grenoble Alpes, Co-directrice de thèse
  • Claire PONSART, Docteure en Sciences, Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Alimentation, de l'Environnement et du Travail, Rapporteure
  • Anne VIANNEY, Maîtresse de conférence, Université Lyon, Rapporteure
  • Pierre-Edouard FOURNIER, Professeur des Universités - Praticien Hospitalier, Aix Marseille Université, Examinateur
  • Muriel CORNET, Professeure des Universités - Praticienne Hospitalière, Université Grenoble Alpes, Examinatrice

 

bullet Mots clés :  

tularémie, Francisella tularensis, Francisella sp., environnement aquatique, amibes, écologie
 

bullet Résumé :

Francisella tularensis est la bactérie responsable de la tularémie. La contamination humaine peut survenir par contact avec un animal infecté, par piqûre d’un arthropode, par contact avec le réservoir environnemental hydro-tellurique ou par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Les sources de contamination à partir de l’environnement hydro-tellurique ainsi que les mécanismes de survie dans cet environnement sont peu caractérisés. Ainsi, il est nécessaire de développer les connaissances à ce sujet, d’autant plus que F. tularensis est considéré comme un agent potentiel de bioterrorisme.
La première partie de ce travail a consisté en la réalisation d’une revue de la littérature sur le lien entre F. tularensis et l’environnement aquatique. Ceci a permis de mettre en évidence que la contamination de l’Homme par cette bactérie à partir du réservoir aquatique pouvait survenir par ingestion ou utilisation d’eau contaminée, par piqûre de moustique ou suite à des activités récréatives en milieu aquatique. Concernant les modes de survie dans l’environnement aquatique, il apparait que F. tularensis puisse survivre dans l’eau de plusieurs façons : sous forme planctonique avec possible évolution vers une forme viable mais non cultivable (VBNC), par l’intermédiaire de la production de biofilm, par infection de larves de moustiques et par interaction avec les amibes. Cependant peu de travaux ont porté sur l’étude de ces mécanismes et leurs résultats sont parfois contradictoires.
Ainsi, la deuxième partie de ce travail a visé à préciser les interactions entre les amibes et F. tularensis en comparaison à F. novicida et F. philomiragia, deux bactéries du genre Francisella de réservoir aquatique et de pathogénicité faible. Dans un modèle de screening Amoeba Plate Test (APT), toutes les espèces de Francisella testées résistaient à la lyse par les amibes. Dans des modèles d’infection en milieu pauvre l’ensemble des Francisella testées ne présentaient pas de multiplication intra-amibienne. Enfin, dans un modèle de co-culture, les amibes favorisaient la survie des trois espèces de Francisella sur une période de 16 jours. Les mécanismes impliqués dans cette survie favorisée en présence d’amibes pourraient être la production par les amibes de composés favorisant la croissance bactérienne pour F. tularensis et F. novicida mais aussi des interactions de contact pour F. novicida. Ces travaux démontrent que les amibes participent probablement à la survie des bactéries du genre Francisella dans l’environnement aquatique, y compris F. tularensis.
Un troisième volet de ce travail de thèse a évalué la prévalence de la contamination par F. tularensis de l’environnement aquatique dans une région française présentant une augmentation de l’incidence de la tularémie. Pour ce faire, 87 échantillons d’eau ont été prélevés, au cours de deux campagnes de prélèvements, et ont été analysés par PCR en temps réel. Parmi les 57 échantillons de la première campagne, 15 (26,3 %) étaient positifs pour Francisella sp., neuf (15,8 %) pour F. tularensis et/ou F. novicida et quatre (7,0 %) pour F. tularensis subsp. holarctica. Ces proportions étaient de 25/30 (83,3 %), 24/30 (80,0 %) et 4/30 (13,3 %) pour la seconde campagne. Ces travaux indiquent que la contamination de l’environnement aquatique par l’ADN de F. tularensis est relativement fréquente et que l’environnement aquatique pourrait participer au maintien de F. tularensis et éventuellement à l’augmentation de l’incidence de la tularémie dans cette région.
Enfin, deux travaux plus appliqués ont permis de décrire le premier cas humain d’infection à F. salimarina, espèce initialement isolée de l’environnement aquatique et d’évaluer les performances du kit Biotoxis, un kit de qPCR commercial permettant la détection de F. tularensis sur échantillons cliniques et environnementaux.
Ces travaux ont permis de mettre en évidence que l’environnement aquatique occupe une place centrale dans l’écologie de F. tularensis.